Ce mois-ci, le texte de la Photo du mois s’inspire d’une photo provenant de Monsieur Francis Bonnier-Roy et témoigne de la présence des laisses de mer le long du littoral de la municipalité de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dans le Bas-Saint-Laurent!

Environ deux fois par jour, une onde de marée pénètre dans l’estuaire du Saint-Laurent et remonte le cours du fleuve. Suivant la période de l’année, les tempêtes et le rétrécissement de la largeur du fleuve, cette onde pulsée possède plus ou moins d’amplitude. Suivant leur passage, on peut repérer la limite atteinte par les hautes marées en se référant aux multiples traces disjointes qu’elles laissent sur le rivage : la laisse de mer (ou de marée).

D’un point de vue étymologique, « laisse de mer » proviendrait de la déclinaison du verbe « laisser », supposant l’idée d’un leg que la mer confie à la côte. Constituée principalement de débris organiques (algues, morceaux de bois, coquillages, etc.), la laisse de mer comprend aussi, trop souvent, des débris d’origine humaine : filets, cordages, bouteilles, plastiques, etc.

En fréquentant le littoral, on peut facilement observer des laisses de mer dans les zones plutôt ouvertes des plages. Ces zones ouvertes sont souvent colonisées par des groupes épars de plantes tolérantes au sel comme le caquillier édentulé, la gesse maritime ou encore l’arroche hastée. Cette dernière parvient d’ailleurs à coloniser ces milieux grâce à la présence d’azote dans le sol, rendu disponible par la décomposition des débris d’algues contenus dans la laisse de mer. De cette façon, la présence de végétaux et de la laisse de mer permet la captation de sable et participe à la recharge sédimentaire des plages. Ainsi, ensemble, elles favorisent l’installation d’autres végétaux qui permettront éventuellement à la plage de mieux résister à l’assaut érosif des vagues.

Autrement, la laisse de mer représente un refuge et une source d’alimentation pour une foule d’organismes. D’abord, grâce au mucus végétal qu’elles contiennent, les algues comprises dans la laisse de mer permettent le maintien d’une température fraiche sous les débris végétaux. Pour cette raison, cet endroit frais constitue un refuge et une source de nourriture dont tire profit une foule de micro-organismes et d’invertébrés.

Par conséquent, la laisse de mer accueille des détritivores comme la puce de mer et un florilège d’espèces de mouches et de coléoptères. De cette façon, décomposée par les invertébrés et les micro-organismes, la laisse devient l’apport principal en matière organique et minérale des espèces végétales des plages. Ces invertébrés sont parfois accompagnés par des punaises qui se nourrissent de matière végétale (phytophages). Ce cortège d’espèces représente alors une source appréciable de nourriture pour des prédateurs occasionnels, tantôt araignées, guêpes fouisseuses ou encore mouches capables de percer la cuticule d’insectes détritivores. Enfin, la laisse représente une zone d’alimentation d’insectes et de crustacés de choix pour de nombreux oiseaux limicoles comme les bécasseaux et les pluviers, mais comprend aussi de la matière première pour la fabrication des nids d’une foule d’autres oiseaux comme les hirondelles.

Ainsi, détritivores, phytophages et prédateurs se succèdent dans ce qui constitue un véritable écosystème foisonnant et essentiel à la vie marine! En conséquence, si vous prévoyez organiser un nettoyage de plage près de chez vous, prenez grand soin de préserver la laisse de mer!


Si vous avez déjà observé les activités intrigantes qui se déroulent dans une laisse de mer et que vous désirez partager des photos témoignant de vos fabuleuses découvertes, vous pouvez le faire sur la plateforme Côtes à Côtes!

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La Photo du mois est un article qui s’inspire d’une ou plusieurs photos citoyennes publiées sur la plateforme Côtes à Côtes. Cette plateforme est un outil web novateur qui permet de partager, d’échanger et de visualiser, via une carte interactive, des photos et des liens vidéo d’observations du littoral, suivant 6 thématiques. De cette façon, elle permet aux citoyens de faire connaître la fragilité et l’importance des habitats côtiers du Saint-Laurent et d’en témoigner !

RÉFÉRENCES

Guide incontournable pour découvrir la richesse de la laisse de mer : 

Chabot, Robert et Anne Rossignol. 2003. Algues et faune du littoral du Saint-Laurent maritime : Guide d’identification. Institut des sciences de la mer de Rimouski, Rimouski; Pêches et Océans Canada (Institut Maurice-Lamontagne), Mont-Joli. 113 pages.

Complément à la référence précédente:

Lapointe, Martine, 2014. Plantes de milieux humides et de bord de mer du Québec et des Maritimes, Éditions Michel Quintin, Waterloo, 455 pages.

Dépliant de vulgarisation (Direction de l’environnement, Guérande Atlantique, France):

Animation en FlashPayer (IFREMER)

Document vidéo à propos du rôle écologique des laisses de mer

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