Caoudeyre colonisée principalement par des joncs
Ce mois-ci, la Photo du mois provient de Christian Hubert et témoigne de la présence de surprenantes dépressions observées dans les milieux dunaires des Îles-de-la-Madeleine : les caoudeyres!
Au nord-est de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine, un territoire de 724 hectares détient un statut d’aire protégée: la Réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est. Cette réserve, comportant d’immenses étendues de dunes de sable, en partie végétalisées, en partie remodelées par les vents, constitue un ensemble de paysages aux contrastes saisissants.
À l’intérieur de l’aire protégée, un des sentiers aménagés permet de traverser un réseau de dunes où foisonnent un grand nombre d’étangs, de marécages et de tourbières. Au bout de ce sentier, on atteint un croisement où une balise annonce que le secteur du bol à soupe est sur le point d’être atteint. Quelques centaines de mètres plus loin, au sommet d’une crête dunaire, on découvre que ce bol à soupe est en fait une immense caoudeyre!
Dérivé du mot gascon caoudé signifiant chaudron, la caoudeyre constitue une dépression dunaire plus ou moins circulaire pouvant parfois atteindre dans l’archipel madelinot plusieurs centaines de mètres de diamètre! Elle est le résultat d’une érosion éolienne, parfois intense, où des vents violents et tourbillonnants parviennent à tout arracher, végétation et sables secs, jusqu’à ce que la nappe phréatique soit atteinte.
Dès lors, la force de cohésion des particules de sable mouillé résiste mieux aux bourrasques. Ce fond de sable mouillé offre alors l’opportunité à des plantes de milieux humides, comme le jonc de la Baltique, de coloniser le fond du bol à soupe! Éventuellement, d’autres plantes iront rejoindre les joncs, favorisant une plus grande stabilité à la dune. Toutefois, tout n’est pas joué, puisque sur les versants de la caoudeyre, où les pentes peuvent être fortes, la persistance du vent tourbillonnant peut limiter la capacité des végétaux à s’y établir…
Ainsi révélée, une caoudeyre témoigne d’une fascinante dynamique d’érosion dans un milieu continuellement en mouvement!
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Références :
  • Fleurbec, 1985. Plantes sauvages du bord de la mer. Fleurbec auteur et éditeur, Saint-Augustin (Portneuf), 288p.
  • Lapointe, Martine, 2014 Plantes de milieux humides et de bord de mer du Québec et des maritimes. Collection Guides Nature Quintin. Éditions Michel Quintin, Waterloo, 456p.
  • Morin, Isabelle, 2000. « Géomorphologie et évolution du système dunaire, Québec ». Mémoire de maîtrise, Québec, Université Laval, 138p.
  • Environnement et Changement climatique Canada, 2008. Réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est. Repéré à https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/reserves-nationales-faune/existantes/pointe-est.html

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