Ce mois-ci, la (ou plutôt les) « Photo du mois » provient de Nicolas Terrones et témoigne, en plein mois de juin, de la persistance d’un pied de glace (!) sur une plage de Gallix (Sept-Îles).

Près de l’embouchure de la rivière Sainte-Marguerite, sur la Côte-Nord, une balade le long du littoral nous a permis d’observer un phénomène fascinant. Ce dernier semblait avoir comme effet de modifier notablement l’aspect du bas de la plage où nous nous trouvions. En effet, à cet endroit, la plage arborait une série de petits monticules de sable auxquels étaient également associés de petites dépressions. Le tout donnait l’impression d’un informe contenant d’œufs géants retourné. Puis, en regardant de plus près ces monticules, sous quelques centimètres de sables, un constat implacable se dessine : il n’y avait pas sous ces monticules des œufs géants provenant d’une espèce d’oiseau encore non répertoriée, mais bien plutôt… de la glace!

Ici et là, au pied d’un monticule, des amas de glace plus ou moins interreliés, dépourvus d’impuretés, étaient parfois visibles, résultat de l’effondrement d’un voisin. Ce dernier ne parvenait probablement plus, pauvre lui, à offrir une protection thermique pour la glace qui lui donnait forme. Ainsi ces effondrements semblaient expliquer l’existence des petites dépressions. Ces dernières paraissaient d’ailleurs surcreuser la plage et accentuer la pente sableuse (microfalaise) qui se trouvait tout juste derrière.

Ainsi, sur le littoral de cette côte subsistait (agonisait!) un pied de glace.

Jean-Claude Dionne, grand maître québécois de l’étude des phénomènes glaciels nous apprend que le pied de glace est issu d’une traduction du mot icefoot, introduit en 1856 par l’américain Elisha Kent Kane (Dionne, 1973), grand explorateur de l’Arctique qui inspirera Jules Verne. Ce terme traduisait alors à son tour le mot Isfod, introduit auparavant par les Danois. Une traduction d’une traduction donc…

Ce pied de glace forme, de façon générale, « une frange de glace de largeur variée, en bordure des littoraux des régions froides, entièrement ou partiellement soudée au rivage…». Il peut être de haut ou de bas estran, suivant qu’il se trouve dans la partie supérieure ou inférieure du rivage, qu’il soit plus ou moins influencé par le mouvement de la marée et suivant la composition de sa glace. (Dionne, 1973)

Enfin, le pied de glace prendrait naissance parfois avant l’hiver, et perdurerait, sous nos latitudes, à Gallix, à Sept-Îles, à l’embouchure de la rivière Sainte-Marguerite, parfois longtemps après la débâcle… en juin!

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La « Photo du mois » est un article de vulgarisation qui s’inspire d’une photo citoyenne publiée sur la plateforme Côtes à Côtes. Cette plateforme est un outil web novateur qui permet de partager, d’échanger et de visualiser, via une carte interactive, des photos et des liens vidéo d’observations du littoral, suivant 6 thématiques. De cette façon, elle permet aux citoyens de faire connaître la fragilité et l’importance des habitats côtiers du Saint-Laurent et d’en témoigner !

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